Remontée de files à moto : ce que dit la nouvelle réglementation en 2025
Longtemps tolérée sans être formellement encadrée, la remontée de files par les motos devient officiellement autorisée sous conditions en 2025. Un décret introduit un nouvel article dans le Code de la route, précisant les règles strictes à respecter. Cette mesure vise à renforcer la sécurité routière tout en prenant en compte la réalité des embouteillages en zones urbaines et périurbaines. Explications.
Une pratique désormais encadrée par la loi
L’article R. 412-11-3 du Code de la route, entré en vigueur en janvier 2025, autorise la circulation en inter-files pour les motos et scooters (catégories L3e et L5e) sur certains axes, sous réserve de respecter des conditions très précises.
Cette disposition fait suite à une expérimentation menée entre 2021 et 2024 dans plusieurs départements. Les conclusions du rapport ont démontré que, lorsqu’elle est pratiquée selon un cadre strict, la remontée de files peut réduire les risques d’accidents liés aux manœuvres imprévisibles ou à l’agacement des motards bloqués dans les bouchons.
Où la remontée de files est-elle autorisée ?
Le texte encadre cette pratique uniquement dans des contextes bien définis :
- Sur les autoroutes ou routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central
- Chaque chaussée doit disposer d’au moins deux voies dans le même sens de circulation
- La vitesse maximale autorisée sur ces axes doit être supérieure ou égale à 70 km/h
Autrement dit, les motards ne peuvent pas pratiquer la remontée de files sur une nationale classique, ni en ville, même en cas de bouchons, sauf si la voie répond à ces critères précis.
Les conditions strictes à respecter
La loi ne se contente pas d’indiquer où l’inter-files est autorisé, elle impose aussi des règles de comportement très claires. Voici les principales :
- Circulation possible uniquement entre les deux voies de gauche de la chaussée, dans le même sens de circulation.
- Largeur suffisante entre les véhicules pour permettre une remontée sans danger.
- Pas de travaux, neige ou verglas sur la chaussée.
- Vitesse limitée à 50 km/h en inter-files, et à 30 km/h si une des files est à l’arrêt.
- Interdiction de dépasser un autre deux-roues circulant lui aussi en inter-files.
- Obligation d’avertir les autres usagers (clignotant, feux de détresse, etc.).
- Reprise de la circulation normale obligatoire dès que la circulation dans une des files dépasse la vitesse du motard.
Ces règles visent à réduire les conflits entre usagers et à encadrer une pratique parfois anarchique sur certains axes très fréquentés.
Les sanctions en cas d’infraction
La loi ne se contente pas d’autoriser : elle prévoit aussi des sanctions en cas de non-respect des conditions.
- Amende de 135 € (contravention de 4ᵉ classe)
- Retrait de 3 points sur le permis de conduire
- Suspension du permis possible jusqu’à 3 ans (hors activité professionnelle)
Ces peines témoignent de la volonté des pouvoirs publics de responsabiliser les conducteurs de deux-roues tout en sécurisant l’ensemble des usagers de la route.
Une mesure attendue par les motards
Les associations de motards demandaient depuis longtemps la légalisation de la remontée de files. Cette pratique est courante dans plusieurs pays européens comme l’Espagne ou l’Italie. En France, elle était jusque-là tolérée, mais non encadrée, créant une zone grise juridique et des conflits fréquents avec les automobilistes.
Avec ce cadre réglementaire clair, la France rejoint une logique plus pragmatique et réaliste. D’autant plus que la densité du trafic dans les grandes agglomérations rend la remontée de files souvent inévitable pour les deux-roues, qui n’ont pas les mêmes capacités de manœuvre que les voitures.
Ce que les automobilistes doivent savoir
Cette nouvelle législation ne concerne pas uniquement les motards. Elle implique aussi un changement de comportement chez les automobilistes :
- Rester attentif aux clignotants ou feux de détresse des motos
- Éviter de coller les lignes entre voies, surtout en cas d’embouteillage
- Ne pas changer de file brusquement sans vérifier ses rétroviseurs
La cohabitation entre véhicules repose sur la courtoisie, l’anticipation et le respect des règles, dans les deux sens.
Vidéo d’une remontée de files par des motos
Un premier pas vers une circulation plus fluide
En régularisant cette pratique, la nouvelle réglementation ambitionne aussi de rendre le trafic plus fluide, notamment en réduisant l’agacement, les comportements à risque, et les conflits sur la route.
En contrepartie, elle demande une discipline exemplaire de la part des motards et une meilleure prise en compte des deux-roues par les automobilistes. Cette évolution s’inscrit dans une démarche plus large de modernisation du Code de la route, au service d’une mobilité plus souple, mais aussi plus sûre.
Conclusion
La légalisation encadrée de la remontée de files marque une avancée majeure pour les usagers de deux-roues en France. En clarifiant les règles et en responsabilisant chacun, cette mesure offre un meilleur partage de la route. Motards comme automobilistes doivent désormais faire preuve de vigilance, de respect mutuel et de bon sens pour que cette réforme soit un succès sur le long terme.
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En savoir plus : Le Parisien
Texte de loi : Legifrance